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13 novembre 2025Un cambriolage hors norme au musée Fesch d’Ajaccio
Suite au vol récent qui a été commis au Musée du Louvre, Midi Libre a recueilli le témoignage de Maitre Hélène BRAS à propos du vol de tableaux qui avait eu lieu au Musée d’Ajaccio en 2011.
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Le texte de l’article de Catherine Unac – Midi Libre :
Dans la nuit du 18 au 19 février 2011, quatre tableaux d’une valeur de 10 millions d’euros sont dérobés au musée Fesch d’Ajaccio. Surprises des enquêteurs lorsqu’ils découvrent qui est l’auteur du vol et l’endroit pour le moins particulier où sont retrouvées les toiles. L’avocate montpelliéraine Hélène Bras, qui défendait alors la mairie d’Ajaccio, a vécu l’affaire au plus près.
Au palmarès des cambriolages les plus célèbres, si le récent vol spectaculaire au Louvre arrive en tête, celui du musée Fesch d’Ajaccio, en 2011, a marqué les esprits. L’avocate montpelliéraine Hélène Bras s’en souvient comme si c’était hier. Cette spécialiste en droit public plutôt habituée aux affaires plus “classiques” des tribunaux administratifs s’est retrouvée au cœur « d’un cambriolage rocambolesque », par son rôle d’avocate de la mairie d’Ajaccio.
Les faits ont lieu dans la nuit du 18 au 19 février 2011. Quatre tableaux de grande valeur, dont Le roi Midas à la source du fleuve Pactole de Poussin, sont dérobés au renommé musée Fesch d’Ajaccio, connu pour abriter la deuxième plus grande collection de peinture italienne.
Le gardien de nuit serait sorti par la grande porte au petit matin, les tableaux sous le bras. Il demande en échange de la restitution des quatre toiles estimées à 10 millions d’euros : un logement !
Dès le lendemain, le voleur revendique son forfait devant les caméras de France 3 Corse ! Il s’agit du gardien de nuit. Il a décroché les œuvres et serait sorti par la grande porte au petit matin, les tableaux sous le bras. Antoine Mocellini, la quarantaine, en poste depuis onze ans, demande en échange de la restitution des quatre toiles estimées à 10 millions d’euros : un logement ! « Tout ça était complètement lunaire. Et puis, ce vol de tableaux au musée, c’était une prise d’otage artistique », se souvient l’avocate.
Pour prouver qu’il est bien l’auteur du forfait, il mène les enquêteurs à sa voiture dans laquelle il dit avoir caché les tableaux. À leur arrivée, ils trouvent le véhicule du gardien les vitres cassées et… vide.
L’avocate montpelliéraine raconte que « quelques mois plus tard, un cafetier d’Ajaccio est vu en train de charger des objets plats dans sa voiture ». Un coup de filet a lieu et une dizaine de personnes sont interpellées, « du beau linge », comme les nomme Corse Matin. Mais seul le cafetier Christian Andarelli est poursuivi. Les nombreux appels qu’il a reçus du gardien du musée la veille du cambriolage l’accusent.
Mais toujours pas de tableaux. Les deux hommes ne lâchent rien, ni des motifs du forfait ni du lieu où le butin serait caché. Le savent-ils seulement ? Eux-mêmes ne sont-ils pas des voleurs… volés ? Des recherches ont lieu partout en ville, dans le maquis, jusqu’au château de la Punta sur les hauteurs d’Ajaccio.
Les tableaux se trouvent sur le parking d’un supermarché
« Les enquêteurs découvrent que le gardien de musée aurait des liens avec le milieu du jeu et des ardoises qu’il ne peut pas honorer », précise l’avocate montpelliéraine. On ne sait si c’est la juge Charlotte Dauriac en charge de l’affaire qui aurait mené une enquête musclée du côté de ces créanciers ou bien si des commanditaires n’ont plus eu envie de s’encombrer de ces tableaux désormais trop médiatiquement connus et invendables, mais elle reçoit un appel anonyme le samedi 5 mai 2012 lui indiquant que les tableaux se trouvent sur le parking d’un supermarché à l’entrée de la ville !
Les toiles sont effectivement retrouvées à l’endroit indiqué. Posées contre un mur, des œuvres majeures de la Renaissance italienne dont certaines datent du XIVe siècle. Un seul tableau est protégé par un sac-poubelle.
Qui sont les cerveaux de ce cambriolage ?
Dans sa conférence de presse, le procureur de la République, Thomas Pison, confirme : « Soit l’équipe à l’origine du vol a été dépassée car ces toiles étaient trop connues pour être revendues, soit elle se sent visée par l’enquête et cherche à y échapper. » Dès le lundi, les tableaux sont raccrochés aux cimaises du musée Fesch. « Antoine Mocellini, le gardien, a écopé de cinq ans de prison dont un avec sursis et le cafetier, Christian Andarelli, de quatre ans dont un de sursis », précise l’avocate. Le musée, qui n’a plus jamais été victime d’autres vols, n’a pas renforcé sa sécurité, « en revanche, il a été plus vigilant sur son recrutement ».
Reste des mystères dans cette affaire : qui sont les véritables cerveaux de ce cambriolage ? Qui a conservé ces tableaux durant quinze mois ? Un laps de temps par ailleurs suffisant pour en faire, qui sait, des copies.

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Source photographie : Velvet, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

